Dans une dépêche de l’Agence de presse médicale (APM) du 17 janvier dernier, une nouvelle alerte est lancée sur les violences à l’hôpital. Il est indiqué que la conférence nationale des directeurs de centres hospitaliers appelle à un sursaut compte tenu de la dégradation du climat qui touche le secteur hospitalier. Cet article mentionne une nette augmentation des incidents, des menaces et des agressions. Ces phénomènes peuvent concerner les équipes elles-mêmes mais aussi les relations avec les usagers.
Contre ces violences, il est rappelé très justement que chacun a un rôle à jouer.
Cette publication est l’occasion de vous faire part de notre perception des choses, de l’intérieur et après des années d’exercice au sein d’un hôpital, témoins et bien conscients que nous sommes face aux difficultés quotidiennes du personnel soignant et globalement de l’ensemble des professionnels qui œuvrent au sein d’un établissement de santé.
L’hôpital est un monde fascinant à plus d’un titre. Il est le lieu de prise de conscience de la finitude de l’homme. Il est une salle d’attente tantôt de l’espérance, tantôt du désespoir, parfois de bonheur et souvent d’angoisses. C’est un endroit de fortes tensions avec des enjeux qui dépassent tous les autres à savoir la vie, la maladie et la mort.
La communication entre le médecin et son patient n’est pas toujours sereine car le patient en état de tension n’entend pas tout, ne veut pas comprendre. Le médecin, quant à lui, ne fait pas toujours preuve de pédagogie, communique avec ses mots et l’échange ne se fait pas. Le patient et le médecin ne sont pas dans une relation d’équité. Une relation de dépendance se crée, persiste, entre le soignant et le soigné. Le patient est par nature faible et le médecin a le pouvoir, celui de le guérir. Parfois, la relation est empreinte de confiance absolue au point où le patient passif s’en remet complètement au professionnel sans vouloir d’information. Parfois aussi, la relation est faite de défiance, de suspicion et, là encore, l’échange est biaisé.
Tous les ingrédients sont présents pour que les incompréhensions se créent.
Dans ce contexte, la médiation a-t-elle sa place ?
Comme vous l’avez déjà lu dans un précédent article, la médiation hospitalière existe même si elle ne respecte pas tous les principes fondamentaux de la médiation.
Vous avez manqué cet article ? Vous perdriez à ne pas le lire : La médiation à l’hôpital existe-t-elle ? – Acte 1 : la médiation pour le patient et sa famille.
Par contre, elle n’a d’existence que lorsque le litige entre le médecin et son patient est amorcé, que les incompréhensions apparaissent. Elle est rarement préventive. Dans son essence, elle pourrait être utilisée par les professionnels pour conduire leur consultation et permettre une communication facilitée mais rares sont les professionnels qui prennent ce temps. Quand les tensions arrivent dans la relation thérapeutique, la médiation a un rôle à jouer. Dans ce domaine où les enjeux sont si forts, la médiation ne pourrait-elle pas permettre le pardon ? N’aurait-elle pas un rôle d’apaisement qui pourrait être incontournable dans un processus du deuil ?
Dans ce contexte, comment faire en sorte que la médiation trouve sa place ? Est-elle finalement possible lorsque la vie même est au cœur de nos préoccupations ?
En ce qui concerne la médiation entre les professionnels de santé, il semblerait urgent de la mettre en place localement tant les conflits sont importants et la violence prédominante.
Le terreau hospitalier est propice aux difficultés de communication de par la divergence des intérêts entre professionnels. Le repli sur soi devient presque systématiquement un mode de défense.
La médiation pourrait être un outil de management qui mériterait que les chefs d’établissement s’y penchent et s’y intéressent.
Le législateur a senti l’urgence de mettre en place la médiation pour résoudre ces conflits qui polluent les priorités des professionnels.
Ainsi, la violence est-elle partout à l’hôpital. Elle fait malheureusement partie du quotidien des professionnels sans qu’ils s’en aperçoivent bien souvent.
Pour en savoir plus, lire aussi : La médiation à l’hôpital existe-t-elle ? – Acte 2 : la médiation à destination des professionnels de santé.
©Hermès Médiation – centre de médiation – Poitiers
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