Si un fait dramatique et récent vient de le mettre sous les feux de la rampe, le harcèlement scolaire n’est pourtant pas récent. Il semblerait qu’il traverse les époques, des pays, des cultures, et qu’il touche toutes les catégories sociales.
Le harcèlement est défini comme étant une violence répétée qui peut être verbale, physique ou psychologique. Il existe partout dans notre cercle familial, amical ou encore professionnel. Le harcèlement est difficile à appréhender car il peut être insidieux, larvé. Son auteur n’a même pas toujours conscience qu’il est harceleur. La victime peut prendre du temps à conscientiser le harcèlement. L’entourage peut ne pas le voir, fermer les yeux ou encore être spectateur sans agir, comme si cela n’existait pas.
A l’école, elle est le fait d’un ou plusieurs élèves qui se fondent sur le rejet de la différence et sur la stigmatisation de certaines caractéristiques d’une personne. Celle-ci se trouve isolée par un rapport de force (rapport dominant-dominé) et la régularité des agressions. La relation harceleur-victime n’est pas uniquement dyadique car ce type de violence ne peut prendre forme que si les scènes d’intimidation du harceleur sont visibles aux yeux des pairs. En résumé, dans ce phénomène de harcèlement, il faut aussi des témoins.
Ainsi, l’échec de la dynamique de groupe, l’incapacité à verbaliser ses émotions, la difficulté à se mettre à la place de l’autre sont des éléments clefs du harcèlement scolaire.
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Face à ce fléau, l’Education nationale n’est pas restée inerte. Elle a mis en place un programme de lutte contre le harcèlement à l’école, appelé pHARe. Ce plan de prévention du harcèlement est déployé dans chaque école, collège et lycée en France. Il tourne autour de huit piliers :
– mesurer le climat scolaire,
– prévenir les phénomènes de harcèlement,
– former une communauté protectrice de professionnels et de personnes pour les élèves,
– intervenir efficacement sur les situations de harcèlement,
– associer les parents et les partenaires et communiquer sur le programme,
– mobiliser les instances de démocratie scolaire et le comité d’éducation à la santé, à la citoyenneté et à l’environnement,
– suivre l’impact de ces actions,
– mettre à disposition une plateforme dédiée aux ressources.
Autour de ces huit intentions, 400 référents académiques et départementaux vont devoir œuvrer pour traiter les situations de harcèlement signalées notamment auprès des deux numéros d’urgence : le 3020, un numéro vert pour les situations de harcèlement, et le 3018, un numéro vert dédié aux situations de cyberharcèlement.
Le programme implique la mobilisation des équipes éducatives et des élèves. Il y aura une équipe ressource chargée de mettre en œuvre le protocole de prise en charge des situations de harcèlement. Une équipe programme, elle, sera chargée d’organiser un enseignement autour de la prévention du harcèlement. Et des élèves ambassadeurs du second degré seront formés, eux, à la lutte contre le harcèlement.
Les bons élèves, autrement dit, les bons établissements se verront attribuer un label qui comprendra trois niveaux : le niveau 1, un engagement, le niveau, un approfondissement, et le niveau une expertise. Tous les établissements devront obligatoirement atteindre le niveau 1.
Le programme pHARe a été mis en place 2021. Il a été généralisé à tous les établissements scolaires en cette rentrée 2023.
La question qui se pose aux médiateurs que nous sommes est la suivante : quelle contribution pouvons-nous apporter ?
Le programme est vaste mais passionnant. Un politique le dirait autrement : « La route est droite mais la pente est raide ! » Nous vous proposons, à travers une série de chroniques, des outils qui peuvent aider parfois l’enseignant, parfois le parent, ou encore l’enfant sur le chemin de la paix, avec un accompagnement sans jugement des situations de violence que nous traversons tous à différents stades, aussi bien en tant que victimes, que parfois auteurs, et bien trop souvent en tant que spectateurs passifs.
©Hermès Médiation – centre de médiation – Poitiers
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