Je suivais depuis plusieurs mois un enfant âgé de onze ans, atteint d’un cancer généralisé. Un lien de confiance s’était établi. A chaque consultation ou visite dans sa chambre à l’hôpital, sa maman était présente. Un jour, je trouve Téo triste, renfermé sur lui-même. Questionnement sans succès. Je lui propose de nous voir sans sa maman qui perçoit la situation et accepte de sortir.
« Es-tu triste ?
– Oui
– Veux-tu que nous en parlions ?
– Oui »
Silence. Je reprends :
« Tu veux me dire ou préfères-tu que je pose des questions ?
– C’est vous qui parlez.
– As-tu peur ?
– Oui
– As-tu peur d’être à l’hôpital, de la maladie, de savoir ce qui peut arriver ?
– Je vais mourir mais maman ne le sait pas. Je suis triste parce qu’elle va être triste le jour où je vais mourir, je n’ai pas peur de mourir mais je suis vraiment triste pour ma maman et mon papa. »
L’échange va continuer. En fin d’entretien, je demande à Téo ce que je peux dire ou pas à sa maman. L’enfant m’autorise à révéler à sa maman, en sa présence, ce qu’il ne pouvait faire seul. Le principe de confidentialité s’applique comme gage de sécurité et de confiance en médiation, tout comme en consultation médicale. Même s’il s’agissait d’un enfant, la confidentialité était nécessaire pour que s’instaure le respect, sans danger. Concernant un mineur, les contours de la confidentialité peuvent se discuter. Dans les situations d’adultes, le principe de confidentialité est de mise auprès du patient ou du proche, vu séparément comme lors des apartés en médiation, en demandant l’accord pour informer qui et de quoi précisément.
Ainsi, de nombreux principes appliqués par le médiateur le sont également par le médecin.
©Hermès Médiation – centre de médiation – Poitiers
Cet article vous a intéressé ? Poursuivez la série : Médiation : chronique d’un médecin – Acte 7/8 : la maman bouleversée ou l’accompagnement d’un cheminement
Partager la publication "Médiation : chronique d’un médecin – Acte 6/8 : l’enfant protecteur ou la mise en place d’un cadre confidentiel"