Si nous avons souvent évoqué tous les avantages à choisir la voie de la médiation dans nos articles, nous ne nous sommes jamais arrêtés sur les refus de médiation. A travers cette chronique, nous allons tenter, avec vous, d’en comprendre les raisons et ainsi d’identifier la nature des résistances.
En effet, chaque médiateur a été confronté à des réticences de la part des personnes en conflit pour entrer en médiation. C’est tout l’objectif de l’entretien préalable : écouter, accueillir les doutes, comprendre les enjeux, définir le périmètre de la médiation, expliquer le processus et sécuriser les parties. De nombreux facteurs (sociaux, culturels, environnementaux, financiers, émotionnels) entrent en ligne de compte, différents acteurs (demandeur, prescripteur, financeur, tiers, etc.) peuvent intervenir et influencer la médiation. Le médiateur, par sa maîtrise, son expérience et son professionnalisme, doit détecter en un entretien préalable les résistances. Les identifier permet de faciliter le tri et l’orientation, éviter deux risques majeurs : orienter vers la médiation une situation qui n’y aurait pas sa place, ou orienter par une autre voie une situation qui, en réalité, trouverait une meilleure résolution en médiation.
Car des résistances mal traitées peuvent fausser le consentement ou la qualité de la disponibilité des participants à la médiation, et se traduire par des résultats décevants. Ainsi, nous ne devons pas chercher à tout prix à convaincre une personne réticente du bien-fondé de la médiation ; il faut parfois accepter le refus, voire le chercher quand les réticences sont légitimes. Il en va de la crédibilité de nos actions en tant que médiateur et de la responsabilité que nous avons face à des personnes en conflit qui nous accordent leur confiance.
Une évaluation est alors primordiale lors des entretiens préalables pour identifier la nature du refus, en faire un diagnostic, afin de savoir si nous devons convaincre ou au contraire rapidement acter le refus.
Nous avons identifié 14 réticences que nous allons vous exposer. Il s’agit d’aider votre interlocuteur à les dépasser, pour permettre la réussite de la médiation ou de les utiliser pour refuser la médiation qui serait un échec si elle devait se forcer.
Le manque de confiance dans le processus
Cette résistance s’identifie lorsque la personne indique qu’elle ne connait pas le processus de médiation ou qu’elle considère que la médiation n’aboutira à rien.
Le manque de confiance dans le médiateur
Cet obstacle apparait quand le médiateur est discrédité par son manque d’indépendance ou par son défaut d’impartialité.
La négation des faits allégués par l’autre
Cette posture est celle de la personne qui pense que sa participation à la médiation pourrait être interprétée comme une reconnaissance des faits.
Le désir d’éviter de faire face de nouveau à la situation/la peur de se confronter à l’autre
Cette réticence s’inscrit dans le souhait de ne pas réactiver un moment douloureux, qui peut être traumatique et qui se matérialise souvent par le fait que la personne indique avoir déjà passé trop de temps avec ce conflit.
L’intérêt de se maintenir dans le conflit
Le médiateur intervient parfois dans un conflit qui peut produire des bénéfices pour une ou plusieurs personnes. L’éteindre pourrait créer un inconfort aux personnes qui voient un avantage certain au conflit.
Le rejet de l’autre
Le conflit est arrivé à un tel niveau que la personne s’est rigidifiée dans sa posture au point où elle s’oublie au profit de l’humiliation, la revanche voire la vengeance.
L’indécision de la médiation quant à la meilleure option à choisir
La personne ne sait pas si la médiation est la meilleure voie. Elle est dans l’incertitude sur l’issue de la médiation mais n’est pas non plus sûre de l’issue judiciaire. Elle ne voit pas non plus la réalité telle qu’elle est réellement ne permettant pas une véritable négociation.
La crainte de ne pas réussir à décider pour soi et d’un pouvoir exercé par l’autre
La personne a peur de perdre la maitrise de ses décisions et craint qu’un rapport de force s’engage en se défaveur.
L’assurance de gagner beaucoup plus par une autre voie
Cette résistance est légitime quand la personne sait qu’elle a le droit avec elle et que dans le cadre d’un recours, elle sera gagnante.
Le désir le garder le conflit dans un cercle privé – pression sociale et/ou culturelle
Dans certains milieux, il est difficile de confier à un tiers ces problématiques au point d’avoir peur des conséquences de l’externalisation du problème à un médiateur.
La perception du conflit à un niveau plus large ou moins large
La médiation n’est pas adaptée selon la personne car le conflit dépasse le cadre de la médiation par son ampleur ou parfois la médiation parait disproportionnée pour le litige à résoudre.
La crainte que l’autre utilise la médiation à mauvais escient
La médiation serait utilisée par l’une des parties pour collecter des informations, gagner du temps ou encore prouver devant un juge qu’elle a tenté la voie amiable sans en avoir la réelle volonté.
La peur d’être submergé par ses émotions
La personne évoque son impossibilité à être devant l’autre car elle a peur de ne pas maitriser ses émotions.
Le fait que la médiation soit payante
Il y a souvent une confusion entre médiation et conciliation ; la conciliation étant gratuite. Les personnes peuvent être étonnées que les médiateurs ne soient pas bénévoles. L’absence de gratuité peut être un frein à la médiation.
Si désormais, vous connaissez les réticences à la médiation, vous vous dites que vous ne savez pas les traiter. Je vous vois râler sur cet article que vous jugez incomplet. Hermès Médiation a créé une grille qui permet de diagnostiquer et de traiter les résistances. N’hésitez pas à nous écrire pour en savoir plus !
©Hermès Médiation – centre de médiation – Poitiers
Lire aussi : Les quatre accords toltèques : un outil pour les médiateurs
Partager la publication "Les causes du refus de médiation"