Pour une grande majorité, la médiation n’a d’existence que lorsqu’un litige apparait ou qu’un conflit est constaté. D’ailleurs, lorsqu’il s’agit de définir la médiation, qu’elle soit judiciaire ou conventionnelle, il est toujours évoqué la notion de résolution amiable des différends.
Se limiter à cette vision de la médiation est pour de nombreux médiateurs restrictif car la médiation peut aussi être un processus pour lever des incompréhensions et éviter ainsi les conflits. On parle alors de médiation préventive. Dans les entreprises, la notion de médiation de projet se développe. C’est une des formes de la médiation préventive. En effet, l’entreprise est le lieu de création de projets par excellence. Elle est donc un endroit de prédilection pour le développement d’un tel processus.
Dans son ouvrage « La médiation en entreprise » (Que sais-je ? 2021), Valérie Ohannessian, avocate mais aussi experte en conseil des entreprises dans leur gouvernance, leur communication et dans leurs projets transformatifs, indique que « la médiation de projet a pour but d’accompagner la mise en place ou d’améliorer le fonctionnement de projets collectifs et complexes ou à fort enjeu pour l’entreprise, en facilitant le dialogue et l’écoute mutuelle, dans une démarche pédagogique et préventive, visant à permettre l’acquisition de méthodes de travail qui favorisent la cohésion et la bonne entente du groupe projet ». Ainsi, on comprend aisément que la médiation de projet n’est ni du coaching, ni de l’assistance à maitrise d’ouvrage.
Elle précise qu’ « un projet est un processus qui consiste à coordonner et à maitriser des activités planifiées dans le but d’atteindre un objectif défini qui réponde à des exigences spécifiées de délais, de coûts et de ressources ».
En liant la médiation au projet, on met ainsi au cœur des préoccupations de l’entreprise la relation, la communication et l’Homme dans sa globalité.
En effet, l’échec, voire le retard du projet, est souvent lié à une donnée fondamentale trop souvent négligée dans un projet : la personne. S’il s’agit de maitriser les relations entre les différents acteurs, il faut aussi prendre en compte leurs avis techniques parfois divergents. Ainsi, il faut pouvoir écouter les besoins, les contraintes et les temporalités de chacun.
Dans un article « La médiation de projet et la gestion de projet en entreprise » (Village de la justice, 5 juillet 2021), Christelle Fort, avocate et médiatrice, résume parfaitement le rôle du médiateur dans ce contexte :
« Dans la médiation de projet, le médiateur va être le révélateur, pas au sens de celui qui dit mais au sens photographique, celui qui aide à rendre visible l’image latente. Il va poser les questions, la Question, celle qui gêne mais à laquelle il est indispensable de répondre pour avancer sur le chemin de la montagne « Projet » […] Il n’a pas à juger de la pertinence des avis qu’il amène à exposer, il n’est que le moyen, pas la solution. […] Il doit mettre en lumière au moment opportun, ce qui est nécessaire, pour que soit vu ce qui doit être vu, pour que le dialogue s’établisse, se maintienne, se rétablisse ou s’interrompe en connaissance de cause entre les parties prenantes. Il a un devoir d’impartialité et de neutralité ».
C’est notamment cette impartialité et cette neutralité, mais aussi son devoir de confidentialité, qui vont conduire l’ensemble des parties prenantes à lui accorder leur confiance et à oser s’exprimer, à être force de proposition.
Dans un article « Comment garantir une bonne fin de projet avec la médiation » (CMAP, 4 juillet 2021), Pascal de La Faye et Etienne Iris, médiateurs agréés au centre de médiation et d’arbitrage de Paris (CMAP) et spécialistes des systèmes d’information, rappellent que la médiation de projet numérique, telle que définie et mise en œuvre par le CMAP, répond à cinq besoins principaux :
– éviter les différends et prévenir les dérapages des projets ;
– faciliter la communication et les bonnes relations entre les parties ;
– clarifier les situations et les relations et lever les ambiguïtés ;
– supprimer les sources de conflits au plus tôt ;
– préserver les intérêts de chaque partie.
Cet exemple de médiation de projet numérique parlera à bons nombres d’entreprises qui savent à quel point le changement numérique est complexe dans une structure et que l’accompagnement est essentiel. Alors, n’hésitez pas à faire appel à la médiation de projet qui peut être prévue en amont dans le contrat entre les parties ou décidée d’un commun accord et validé par les instances de l’entreprise, ou à tout moment du projet lorsqu’il parait indispensable de sécuriser sa mise en œuvre et la relation contractuelle avec son partenaire, ou lorsque les tensions en interne commencent à se faire ressentir.
©Hermès Médiation – centre de médiation – Poitiers
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