Plusieurs chercheurs ont apporté leur contribution à cette approche de la médiation, ou leur définition. En voici quelques extraits, parmi ceux que nous avons relevés au fil des heures et des heures de nos lectures (c’est fou ce que les insomnies permettent). On est loin, ici, de la médiation telle que nous l’abordons habituellement dans sa pratique. Mais un peu de réflexion de temps en temps ne fait aucun mal. Les résultats de travaux de recherche en sciences humaines, en sciences de l’information et de la communication, sont même parfois plutôt utiles pour comprendre, donner du sens à ce que nous faisons au quotidien.
Paul Rasse est justement professeur des universités en sciences de l’information et de la communication à l’Université de Nice Sophia-Antipolis. Pour lui, « la médiation désigne des dispositifs humains et technologiques mobilisés pour faciliter la communication et dépasser les situations de crise » écrit-il dans un article intitulé « La médiation aux temps de l’hypermodernité » (Hermès N°80, 2018). Cette définition vient conforter ce que nous exposions précédemment, à savoir que la médiation est d’abord un acte de communication, un processus visant à favoriser l’établissement ou le rétablissement des liens selon le code national de déontologie.
Paul Béaud, lui, fut directeur de l’Institut de sociologie des communications de masse à Lausanne. Ses travaux se sont portés sur trois domaines : la société de la culture, la sociologie des médias et la sociologie du travail. Auteur d’un mémoire intitulé « Médias, médiations et médiateurs dans la société industrielle » (1985), il écrivait : « nous vivons plus que jamais dans une société de médiation, dont les acteurs essentiels, je le redis, ne sont pas les seuls professionnels des médias, mais bien tous ceux dont l’activité consiste à produire, diffuser ou traduire dans la pratique sociale des représentations et des savoirs normatifs qui concourent à la définition et à la réalisation des orientations de la société ». Serions-nous donc tous des médiateurs, chacun à notre place et dans notre environnement social ? Notez bien la question, elle pourrait bien être le sujet de votre prochain examen.
Un début de réponse est apporté par Bernard Miège, chercheur en sciences de l’information et de la communication. Il attribue au développement de la pensée communicationnelle, cette nouvelle dimension du terme médiations sociales qu’il définit ainsi dans une publication intitulée « Médias, médiations et médiateurs, continuités et mutations » (Lavoisier, 2008) : « les médiations [sociales] peuvent être entendues comme ce qui, dans la vie sociale, assure la relation entre l’individu (ou le sujet) et le collectif (la sociabilité, le lien social) ».
Dans « Médias, médiation et démocratie », (Hermès, 1995), Philippe Breton, professeur en sciences de l’information et de la communication à l’Université de Strasbourg, rappelle le constat fondateur des sciences de la communication : « la parole ne circule pas n’importe comment entre les hommes. D’abord, elle circule et va donc de l’un à l’autre. Ensuite, les modalités formelles de cette circulation s’ordonnent suivant un mouvement dont rend compte le schéma théorique général qui veut que la parole soit mise en forme pour circuler, se transforme ainsi en un message, qui est véhiculé par un canal, en présence de bruit, que le message est ensuite décodé par celui ou ceux à qui elle parvient, constitués ainsi en un public actif, susceptible également de réagir. Ce schéma idéal de la communication suppose donc plusieurs jeux de différences : entre la parole et le message, entre le message émis et le message reçu, entre les fonctions de production, de médiation et de réception ».
Il précise, et ce n’est pas un détail, que « la médiatisation, c’est-à-dire le recours aux médias comme canal de diffusion de l’information, n’est finalement qu’un cas possible de la fonction plus vaste qu’assure la médiation ».
©Hermès Médiation – centre de médiation – Poitiers
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